Pirates des Caraïbes: la fontaine de jouvence

Pirates des Caraïbes est l'exemple même de saga réussie, qui est parvenue à conquérir le public comme la critique. A présent, la trilogie compte un grand nombre de fans, et les films sont d'ores et déjà devenus cultes.

Cependant, après un premier épisode vraiment réussi, on pouvait reprocher aux deux films suivants une certains lourdeurs. Effets spéciaux toujours plus impressionants, et intrigue à tiroir de plus en plus complexe. Rob Marshall, placé aux commandes de ce quatrième épisode, se détache de cet esprit "too much", et reviens aux sources de la série.

Les spectateurs qui attendent de grandes séquences de bataille et des effets numériques à la pelle seront donc déçus, sans doute. Cependant, le film y gagne en fluidité, et on retrouve l'ambiance virevoltante du premier épisode. Pour Rob Marshall, il est difficile de passer après Gore Verbinski, créateur de la trilogie originale. Aussi ne voit-on pas une grande différence de style entre les deux réalisateurs. Il y a cependant plus de gros plans et moins de vues panoramiques, mais cela reste un détail négligeable.

En revanche, cet épisode est un véritable festival Jack Sparrow! Du début à la fin, Johnny Depp s'en donne à coeur joie, cabotine comme jamais, pour notre plus grand bonheur... Ici, les (més)aventures du célèbre capitaine sont moins épiques et moins fantastique... On retrouve en revanche un esprit proche des films d'aventure... Et des films de cape et d'épée! Le passage à Londres en est un parfait exemple. Cascades à gogo, course-poursuite à cheval, auberge un peu louche, duel à l'épée; tous les ingrédients sont présents!

Les amateurs d'aventure fantastique ne seront cependant pas déçus, puisqu'on retrouve tout de même quelques beaux moments, notamment la mutinerie sur le Queen Anne's Revenge, le vaisseau de Barbe-Noire, dont les cordes et les voiles s'animent. Je ne dévoilerai pas toutes les péripéties traversées par nos héros, mais celles-ci sont généralement très bien amenées; c'est là qu'on reconnait le talent de Rob Marshall, qui parvient à créer un formidable spectacle sans surenchère de moyens ou d'effets spéciaux.

Je dois aussi parler du scénario, qui constitue également une rupture avec les épisodes précédents, qui cumulaient les intrigues et anecdotes. Ici, l'histoire est assez simple et continue. Les nouveaux personnages sont bons dans l'ensemble. Angelica, incarnée par Penélope Cruz, a beaucoup plus de piquant que feu Elizabeth Swan (Keira Knightley). Mais c'est Geoffrey Rush, alias Barbossa, qui tire le mieux son épingle du jeu. Le capitaine Barbossa reste le meilleur personnage secondaire de la saga.

En revanche, un bémol peut-être mis en avant: l'histoire d'amour entre Sirena et le prêtre. Parfaitement ennuyeuse, elle aurait franchement pu être évitée. Les deux personnages sont parfois à la limite de l'insupportable. De francs éclats de rire ont éclaté dans la salle quand, après quelques secondes d'intense réflexion, le curé de l'expédition décide de baptiser la sirène du nom de... Sirena! Les traducteurs français auraient pu faire un petit effort, car cet épisode devient involontairement comique; en VO, cela doit mieux passer...

Mais ces quelques défauts ne doivent pas gâcher le plaisir de voir un nouveau Pirates des Caraïbes à l'écran, et qui plus est un très bon. Loin de la surenchère d'effets spéciaux, ce quatrième épisode, début d'une nouvelle trilogie, a beaucoup du caractère, et pour un blockbuster, c'est bien! Une bien belle aventure, à ne pas manquer...